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Les juges à l’abordage

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2007 12 décembre 2014

MM. Abdurahman Ali Samatar, Ismael Ali Samatar, Abdulqader Guled Said, Mohamed Said Hote, Abdullahi Yousouf Hersi, Daher Guled Said, Yacoub Mohammed Hassan, Cheik Nour Jama Mohamoud et Abdulhai Guelleh Ahmed exercent le dur métier de pirates au large des côtes de la Somalie. En 2008, ils ont détourné deux navires français, touché pour certains d’entre eux une rançon de 2 150 000 dollars, puis ont été arrêtés par des commandos français.

S’estimant lésés dans leurs intérêts, ils ont porté plainte devant la justice française pour arrestation et détention illégales. N’ayant pas obtenu satisfaction, ils ont porté l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), habilement conseillés en cela par Me Patrice Spinosi, défenseur des causes ignobles, souvent considéré comme un des avocats les plus médiatiques mais aussi les plus puissants de France. Il y a quelques jours, sept juges de la CEDH – Mark Villiger (Liechtenstein), Angelika Nusberger (Allemagne), Boštjan M. Zupancic (Slovénie), Ganna Yudkivska (Ukraine), Vincent A. de Gaetano (Malte), André Potocki (France) et Aleš Pejchal (Tchéquie) – ont rendu leur verdict à l’unanimité : en présentant les prisonniers devant un juge avec quarante-huit heures de retard, les autorités françaises ont violé l’article 5 de la Convention européenne des droits de l’homme (droit à la liberté et à la sureté) et doivent verser à chacun des neufs pirates, au titre de dommage moral, des indemnités allant de 2000 à 9000 euros.

S’indigner de cette parodie de justice ne sert à rien: la CEDH a toujours été un instrument de subversion destiné à attaquer et à ridiculiser les institutions des Etats européens au nom des prétendus droits des voyous. Une question plus intéressante serait de savoir si les juges de Strasbourg ne sont pas désormais en train de ? pousser le bouchon ? un peu trop loin. Car à la colère de la rue s’ajoute désormais celle de certains dirigeants politiques. En octobre dernier, devant le congrès de son parti, le premier ministre britannique David Cameron a durement critiqué le rôle néfaste de la CEDH. Plus près de nous, le conseiller fédéral Ueli Maurer, timidement et en petit comité, a proposé de dénoncer la Convention européenne des droits de l’homme. Notre intelligentsia politico-médiatique, complètement paniquée, a publié en toute hâte de piteux panégyriques ? explicatifs ? à la gloire de la CEDH; las! Ces efforts ont été réduits à néant la semaine passée, lorsque l’opinion publique a pris connaissance de cette grotesque affaire de pirates.

Ces derniers – c’est la leçon qu’il faut retenir – sont désormais intouchables, protégés dans leur honneur et leur labeur par les juges des ? droits de l’homme ?. On veillera donc, à l’avenir, à observer la plus grande déférence dans l’usage du terme ? flibustier ?, qui ne saurait en aucun cas constituer une injure. On s’interdira par ailleurs de manquer de respect à des pirates en les montrant, même sous forme de dessin, battus par deux Gaulois, leur bateau réduit en débris ou leur homme de vigie – potentiellement somalien! – en train de couler.

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