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Moins de fripons, plus d’écussons

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2247 23 février 2024

Les CFF ont à nouveau des problèmes. Chantier de la gare de Lausanne? Ligne interrompue? Dérangement technique? Retard sur l’horaire? Non, cette fois il s’agit de leurs quarante-quatre trains pendulaires ICN, mis en service au début des années 2000 et baptisés chacun du nom d’une «personnalité suisse éminente».

Considérant les règles morales devenues beaucoup plus strictes depuis une vingtaine d’années, les CFF ont entrepris de «fouiller le passé» de toutes ces personnalités; ils ont alors «découvert des points sombres pour trois d’entre elles». Le fondateur de la Croix-Rouge, Henry Dunant, a eu une «activité coloniale» dans ses premières années (il avait tenté de créer une colonie suisse en Algérie et d’y réussir en tant qu’entrepreneur, ce qui, on en conviendra, est assez odieux). Le clown Grock a eu des «liens avec le régime nazi» (il avait accepté de jouer devant des blessés de guerre allemands). Quant à l’architecte Le Corbusier, il «avait de l’affection pour les régimes totalitaires» (en l’occurrence plutôt du côté des Soviétiques, ce qui a pu lui valoir des bons points autrefois, mais plus aujourd’hui).

Les trains en question ne seront pas brûlés, mais les informations biographiques fournies aux voyageurs seront modifiées de manière à mettre en évidence les «côtés sombres» de ces personnalités. Seuls trois trains sont concernés pour le moment, mais la lecture des autres noms de baptême choisis par les CFF permet de se demander si cette opération de purification ne va pas se poursuivre tôt ou tard.

Tel est le risque quand on veut évoquer des héros (ou des monstres): leur personnalité peut se révéler plus complexe que ce que prévoient les scénarios hollywoodiens; ils peuvent plaire à une époque et pas à une autre, et présenter des qualités ou des défauts qui ne correspondent pas au rôle que leur attribue la cosmogonie médiatique. Imaginez par exemple que les CFF aient décidé, au moment de son élection au Conseil fédéral, de baptiser un de leurs nouveaux trains du nom de Mme Elisabeth Baume-Schneider, sans imaginer qu’elle se ferait huer une année plus tard en défendant la position de ses collègues sur la 13e rente AVS. On en viendrait presque à semer la confusion dans l’esprit des citoyens exemplaires qui se déplacent en train plutôt qu’en voiture…

Nous pensons que si les CFF veulent éviter les ennuis, le meilleur moyen serait de décorer à nouveau leurs trains avec des armoiries cantonales ou communales, comme cela se faisait sur les anciennes locomotives.

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