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Ivre de joie? C’est interdit!

Jean-François Cavin
La Nation n° 2248 8 mars 2024

Lisez la presse de boulevard! Au travers des anecdotes sur les heurs et malheurs du bon peuple, vous êtes amenés à réfléchir sur la condition humaine, sur la valeur des lois, sur la tyrannie des bonnes intentions. Du fait divers à la philosophie, il n’y a qu’un pas.

Voyez cette affaire thurgovienne, narrée par 20 minutes. Un père de famille, heureux de la naissance de son enfant, fait la fête chez lui avec un ami. Ils boivent. Beaucoup. Et font du chahut. A 22 heures, la police intervient pour tapage nocturne. Et les zélés pandores font un alcootest: 2,2 pour mille. Les fêtards se calment, promettent de rester tranquilles et tout va bien. Quelques jours plus tard, l’heureux papa reçoit une lettre officielle lui annonçant que son permis de conduire lui est retiré à titre préventif. Pour ivresse… loin du volant!

L’explication est que, à 2,2 pour mille, on est normalement près du coma éthylique; si notre gaillard tient debout, c’est peut-être par accoutumance; voilà donc un indice de dépendance à l’alcool. L’intéressé proteste: il était chez lui, ne songeait pas à prendre sa voiture; il conduit depuis vingt ans sans avoir été mis à l’amende ni avoir provoqué d’accident. Rien n’y fait. Un premier recours est rejeté. Il devra dépenser 1’500 francs pour des analyses et des honoraires médicaux, en vue d’une attestation qu’il n’est pas alcoolique…

Kafkaïen, mais peut-être légal. L’article 16d, al.1, litt.b de la loi fédérale sur la circulation routière dispose que le permis […] est retiré pour une durée indéterminée à la personne qui souffre d’une forme de dépendance la rendant inapte à la conduite. Quand on lit cette phrase, on la trouve à peu près normale. Quand on en voit l’application dans ce cas, on s’arrache les cheveux. On est soumis à examen chez soi par la force publique; la présomption d’innocence fait place à la présomption de dépendance! Le chef de la prévention routière cantonale défend la pratique de la police. Bien qu’il se nomme Fröhlich, ce n’est apparemment pas un rigolo.

Au fait, comment dit-on Big Brother en dialecte thurgovien?

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