Reprise en mains des journalistes

L’Hebdo du 1^er mai a subi, comme les numéros qui suivront, un «lifting graphique». Le rédacteur en chef, M. Alain Jeannet, en profite pour adresser à sa troupe de journalistes un éditorial intitulé: «Un moment historique». Car l’heure est grave:

[…] Si nous voulons défendre ce qui reste de cohésion nationale, il faut stopper net l’escalade. Attention, trésor en danger! D’autant plus que la votation du 9 février sur l’immigration a révélé d’autres tensions, d’autres fractures. La crainte des étrangers, certes, mais aussi une mise en cause de notre modèle de croissance. Et pas seulement chez les écologistes. Ce doute économique est largement partagé. Quant à l’allergie à l’Union européenne, elle semble avoir encore augmenté.

Cette accélération de l’histoire touche les médias de plein fouet. […]

Le choc du 9 février a été dur. Jour néfaste où le peuple et les cantons n’ont pas suivi les mots d’ordre quasi unanimes des medias. C’est donc le moment de faire, comme on disait à l’armée, une reprise en mains:

[…] Les journalistes doivent évoluer eux aussi. Et revenir dans le même temps aux bases du métier. «Ecrire ce qui est», selon le mantra de Rudolf Augstein, le fondateur du magazine Der Spiegel. Et donc sortir des bureaux. Enquêter, être à l’écoute sans a priori et sans cynisme. Plus d’humilité, donc. Mais aussi de plus grandes ambitions. Celle de donner du sens aux événements et d’organiser la pensée. Quitte à émettre des avis tranchés, provocants, parfois même énervants. […]

Questions: les journalistes n’auraient-ils donc jusqu’ici pas suivi ces préceptes dans l’exercice de leur métier? Si c’est le cas, les exhortations de M. Jeannet suffiront- elles à opérer en eux cette véritable conversion professionnelle?