Création

Je suis bien content, dit Dieu, d’avoir créé l’homme;

Il ne laissera pas, au fond, de m’étonner,

Usant, abusant presque, de la liberté,

Du peu de liberté que Je lui ai laissé.

J’aurais tort de Me plaindre, l’ayant fait en somme

A Mon image, et donc une sorte de dieu.

Et mon alter Ego de clamer en tout lieu

Sa trop grande fierté d’avoir gagné l’enjeu:

Avoir découvert et désintégré l’atome!

Pourtant c’est un enfantillage à mon avis,

Un jeu d’enfant pour Moi qui sais combien J’ai mis

De semences de bégonia dans un abri

D’un gramme: soixante mil, voire davantage!

Chaque graine en puissance est un vrai compiouteur,

Et donnera non seulement toutes ses fleurs,

Mais plus encor, louez en Moi le Créateur,

Contiendra même inerte en d’innombrables âges,

La puissance infinie, une chaîne sans fin,

Des graines par milliards…

Vous comprenez enfin?

Je Suis, dit Dieu, l’Atome sans âme et divin,

Sans origine, et dont tout aujourd’hui procède,

Et Je m’amuse à voir mes apprentis sorciers

S’emballer pour la génétique et rechercher

Comment d’un homme faire sortir un bébé.

Encouragés par mon silence mes bipèdes

Obtiendront sûrement que l’homme ponde un œuf,

Croisement d’ADN d’autruche et d’un gros bœuf.

Et Moi, n’en doutez pas, je le nommerai Bluff.