Les Français ne sont pas Suisses de Georges Pop

Demandez à un Suisse romand s’il déteste plus les Suédois ou les Français: les Français, bien sûr. A part Ikea et Volvo, des Suédois on ne sait pas assez pour leur chercher querelle. Connaît-on seulement le nom du roi? (Ah! c’est une monarchie?) Olaf, Gustave, Charles, Frédéric… Les lecteurs de Voltaire se souviennent qu’il y a bien eu un Charles XII, en son temps. En revanche, nos médias ne nous laissent rien ignorer des hoquets des plus insignifiants ministricules de la république voisine. Car les Romands adorent les gesticulations des politiciens d’à côté qui parlent tellement mieux qu’eux. D’ailleurs, c’est en politique que les relations franco-suisses ont le mieux fonctionné, de Louis XI à Jacques Chirac, si l’on fait abstraction du 10 août 1792.

Il n’empêche, sur fond de clichés persistants de part et d’autre, les sujets de discorde sont trop nombreux. C’est pourquoi Georges Pop s’applique dans son pétillant ouvrage à casser les préjugés et les stéréotypes. Excellente initiative. Le titre aurait pu être inversé (Les Suisses ne sont pas Français), car il s’agit surtout d’un autoportrait des Suisses à l’usage des Français. Le livre a été écrit dans un geste enthousiaste: on a l’impression que l’auteur nous parle personnellement, avec son langage bariolé de mots rares, d’adjectifs et d’adverbes surabondants, de métaphores étourdissantes. On trouvera ce style enivrant ou soûlant, c’est selon. Au moins il y a de la fougue et de l’engagement.

Georges Pop, Les Français ne sont pas Suisses, Cabédita, 2014, 189 p.