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Résistance au changement: un peu d’espoir

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 1995 13 juin 2014

On a vu circuler sur internet, il y a quelques jours, un dessin humoristique montrant l’évolution de l’être humain selon la religion darwinienne: du singe à l’homme moderne, pour aboutir à… le/la pauvre femme à barbe que l’Eurovision de la chanson 2014 a exhibé(e?) comme une bête de foire, affublé(e?) d’un nom de scène grotesque. Le dessin était parfaitement politiquement incorrect puisque l’avant-dernier stade de l’évolution – l’homme moderne «normal», donc – se retournait vers ses prédécesseurs pour leur enjoindre de faire demi-tour car ils avaient créé un monstre (le texte original en allemand était moins délicat).

Nous n’avons pas l’intention de parler ici de M. ou Mme Conchita Wurst. Ce qui nous a interpellé en l’occurrence, c’est qu’un sympathique collègue a fait circuler cette image avec ce commentaire désabusé: «Le monde change, il faudra bien s’y résoudre!»

Faut-il vraiment se résoudre à tous les changements?

Lorsqu’il est question de changement climatique, par exemple, aucun scientifique ne nous explique qu’il faudra bien s’y résoudre. Lorsqu’on nous parle de la montée de l’extrême droite en Europe, aucun journaliste n’écrit qu’il faudra bien s’y résoudre. En matière de racisme, de pollution, d’homophobie, d’inégalités sociales, de croissance du trafic automobile, de fumée passive ou de disparition des pandas géants, on ne lit jamais qu’il faudra bien s’y résoudre. Même lorsqu’il s’agit de l’adhésion de la Crimée à la Fédération de Russie, on n’entend pas M. Porochenko déclarer qu’il faudra bien s’y résoudre (et pourtant…).

Il faut se méfier des gens qui nous demandent de prendre acte de telle ou telle évolution inéluctable, et qui commencent leurs phrases par: «Qu’on le veuille ou non…» Ce sont généralement des gens qui approuvent l’évolution en question, ou du moins qui n’estiment pas nécessaire de s’y opposer. Souvent, ce sont ces mêmes personnes qui publient sur les mêmes réseaux sociaux de belles odes à l’audace, du genre: «Tout le monde savait que c’était impossible; puis un jour est venu un homme qui ne le savait pas, et il l’a fait.»

Peut-être suffit-il alors, pour empêcher le monde de changer, d’ignorer qu’on doit se résoudre à ce qu’il change? Vu le nombre croissant d’ignorants que produit notre monde changeant, il reste un espoir.

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