Encore une loi de trop
Le 7 mars, nous voterons sur une initiative ayant recueilli 106'600 signatures, lancée par le groupe d’Egerkingen, lequel a triomphé des minarets en 2009. Celle-ci veut interdire de se dissimuler le visage; elle concerne les femmes portant une burqa ou un niqab, les hooligans et les bandes de casseurs.
Il existe un contre-projet indirect du Conseil fédéral. Si l’initiative est rejetée, une loi entrera en vigueur, obligeant les personnes à montrer leur visage à des fins d’identification, agrémentée en outre de mesures en faveur de l’égalité des hommes et des femmes.
Deux cantons ont déjà approuvé une loi du type de celle exigée par le groupe d’Egerkingen: le Tessin et St-Gall. Cinq cantons l’ont refusée: Zurich, Glaris, Schwyz, Soleure et Bâle-Ville.
L’initiative touche à des compétences cantonales, les affaires religieuses et la sécurité publique. Cela suffit à la rejeter. En outre, elle s’attaque à un problème marginal. Des lois existent déjà qui permettent de lutter contre les hooligans et les casseurs, encore faut-il les appliquer. Les femmes qui portent burqa ou niqab sont en général des touristes. Selon la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter, il n’y a pas plus de 40 femmes en Suisse vêtues de cette façon. Au Tessin, il a suffi d’informer les pays musulmans où les vêtements en cause se portent pour dissuader les touristes féminines de s’en revêtir.
Les initiants ont en tête un projet plus ambitieux: protéger la Suisse contre l’influence islamique, notamment salafiste, en donnant un signal fort. Des personnalités de gauche et du centre-droit (comme Jacques-André Haury et Jean Romain) les ont rejoints pour défendre nos valeurs et une juste égalité, fixer une limite symbolique à l’islam politique; elles luttent aussi contre la discrimination des sexes, apportant une touche féministe à l’initiative, invoquant les libertés individuelles et les droits humains.
Si l’initiative était approuvée, il est probable que les salafistes en useraient pour exercer les provocations dont ils ont le secret. Ce fut le cas avec la dénommée Nora Illi au Tessin, dont un homme d’affaires algérien payait les amendes. Les droits humains se retourneraient contre nous, comme souvent. Ils seraient mis à profit pour combattre la discrimination religieuse. On goûterait au féminisme islamique, lequel prétend que les femmes musulmanes choisissent librement de porter la burqa ou le niqab pour manifester leur appartenance religieuse.
La lutte contre l’influence islamique et ce que certains initiants appellent un problème de civilisation ne passe pas par l’empilement de signaux forts portés par des lois centralisatrices inutiles. Quant à la lutte contre la discrimination des sexes, les autorités la mènent déjà avec suffisamment d’ardeur.
Il vaut mieux que chaque canton s’attaque comme il l’entend aux faiblesses religieuses, morales et démographiques qui favorisent l’expansion de l’islam sur nos terres.
Nous voterons NON.
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Le mouvement perpétuel du totalitarisme – Editorial, Olivier Delacrétaz
- † Le Pasteur Georges Besse – Jean-Pierre Tuscher
- Aux dernières nouvelles, Olrik va mieux – Cédric Cossy
- Des Cahiers de la Renaissance vaudoise aux Cahiers de poésie – Daniel Laufer
- Objectif CO2 – Olivier Klunge
- Un accord avec l’Indonésie – Félicien Monnier
- Mendier, un droit de l'homme? – Jean-François Cavin
- Les vertus du nationalisme – Olivier Klunge
- Occident express 74 – David Laufer
- Chuck Norris non violent – Pierre-Gabriel Bieri
- L’intérêt de dialoguer avec un Vaudois – Le Coin du Ronchon