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L’histoire vaudoise pour les non Vaudois

Cédric Cossy
La Nation n° 1999 8 août 2014

Cherchant quelque règlement administratif, nous sommes tombés sur la brochure Le Canton de Vaud 2014, éditée par le bureau d’information et de communication (BIC) pour présenter notre Canton et ses merveilles. Outre les données de géographie physique, l’organisation du Gouvernement et son plan de législature, on y trouve une page résumant notre histoire:

58 av. J.-C.

César empêche la migration des Helvètes vers la Gaule et les soumet à Rome.

Avenches devient la capitale de l’Helvétie.

IVe-Xe siècle

Au Ve siècle, le Pays de Vaud se peuple d’envahisseurs burgondes, puis il passe pour cinq siècles sous la domination des rois francs.

Xe siècle

Le comitatus waldensis (comté de Vaud) est cédé à l’évêque de Lausanne.

1536

Conquête, Régime bernois durant 262 ans, et passage à la Réforme.

Révolution

Le 24 janvier 1798 est proclamée à Lausanne l’indépendance vaudoise. Le «Canton du Léman» est intégré à l’éphémère République helvétique.

Souveraineté

L’Acte de médiation de Bonaparte, le 19 février 1803, assied le canton de Vaud dans la Confédération helvétique un canton de Vaud égal aux autres (sic). Première session du Grand Conseil à Lausanne le 14 avril.

Le lecteur soucieux de faire connaissance du Canton ne saura donc pas que les Helvètes renvoyés outre-Jura par César façonnent le paysage agricole du Canton dans les premiers siècles de notre ère, ni que les «envahisseurs» burgondes (colons serait un terme plus approprié) les secondent dans cette tâche. Il considèrera faussement les Vaudois du début du Moyen Age comme des Français, alors que le Pays de Vaud est rattaché, à partir du VIIIe siècle seulement, au royaume de Bourgogne transjurane. Il conclura tout aussi faussement à une administration épiscopale régissant l’entier du Pays dès le XIe siècle, alors que l’Evêché de Lausanne ne reçoit qu’une poignée de villes et bourgs, le gros du Pays se divisant en de nombreuses seigneuries locales ou régionales.

Il ignorera encore que ces seigneuries furent rassemblées au XIIIe siècle par Pierre II de Savoie «le petit Charlemagne», qui, par d’énergiques et patients efforts, arriva à se composer un territoire important et autonome. Le lecteur du texte officiel ne saura pas davantage que le Pays de Vaud ne passa sous la main savoyarde que lorsque Pierre devint lui-même chef de la Maison de Savoie. Il ne réalisera pas que la «conquête» bernoise, la réforme et l’unification administrative du Canton, ne sont que des effets collatéraux tardifs des guerres de Bourgogne, où les Vaudois sont, soixante ans auparavant, du côté des vaincus à Morat. Pas un mot enfin sur Davel et son héroïsme voué au martyr.

Ces divers éléments permettraient pourtant au lecteur de mieux comprendre le Canton et ses habitants: il saisirait pourquoi les Vaudois ont les pieds enfoncés en terre et néanmoins une forte capacité d’assimilation, pourquoi Lausanne l’épiscopale est si peu vaudoise, pourquoi les Vaudois n’aiment pas que Berne décide.

Espérons que le BIC corrigera et complétera l’édition 2015.

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