Evitez d’éteindre les incendies avec de l’essence!
Le peuple et les cantons s’exprimeront en septembre sur une initiative populaire réclamant l’étatisation de l’assurance maladie, avec la création d’une caisse publique unique (La Nation en a déjà parlé), et en novembre sur une autre initiative dite «Ecopop» (pour «écologie et population») visant à freiner la croissance de la population en Suisse. Si nous citons ici ces deux initiatives, c’est que nous pensons qu’elles séduiront de nombreux citoyens – pas la majorité, espérons-le! – qui estiment que, dans ces domaines, il faut faire quelque chose.
Sur le fond, nous pouvons leur donner raison: il faudrait faire quelque chose.
D’une part, nous vivons serrés comme des sardines au milieu de gens de plus en plus nombreux et surtout de moins en moins agréables à côtoyer. D’autre part, les citoyens responsables, qui se tiennent raisonnablement à l’écart de la médecine et des médecins, paient des primes d’assurance de plus en plus élevées pour permettre à un nombre croissant d’hypocondriaques de se faire rembourser des traitements qui ne sont de loin pas tous utiles ou nécessaires.
Cela ne justifie pas pour autant que l’on inscrive dans la Constitution des objectifs de limitation démographique ou de contrôle des naissances, ni que l’on parachève la course au socialisme entamée dans les années nonante, lorsque l’assurance- maladie est devenue obligatoire.
Le fait qu’il soit nécessaire ou tout au moins souhaitable de faire quelque chose ne justifie pas que l’on fasse n’importe quoi. Hélas, il est difficile de faire entendre cela à certaines personnes.
Quand un incendie se déclare, on trouve toujours quelqu’un de bien intentionné qui tente de l’éteindre en y versant le contenu d’un bidon d’essence. «Ben quoi? Au moins j’ai essayé de faire quelque chose!» C’est difficile à expliquer, mais on devrait au moins essayer. Après tout, c’est le travail des communicateurs et ils sont (bien) payés pour cela. Mais l’argent ne fait pas tout, il y faut aussi de l’intelligence, du tact, de l’empathie envers les gens auxquels on s’adresse. Il faut éviter en particulier de donner à ces derniers l’impression (voire la certitude) qu’on les prend pour des crétins, même si une partie d’entre eux le sont, car ceux-ci, même s’ils ne comprennent rien à ce qu’on leur explique, sont généralement capables de comprendre qu’on les prend pour des crétins.
Et le risque est alors grand qu’ils ne poussent pas la réflexion plus avant et, par réaction, votent «oui».
Il serait donc souhaitable que les campagnes dirigées contre ces deux mauvaises initiatives se démarquent par leur subtilité plutôt que par leurs moyens financiers ou la pauvreté de leur argumentation.
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Chronologique ou thématique, nous avons besoin d’histoire vaudoise – Editorial, Olivier Delacrétaz
- A propos du fait historique – Olivier Delacrétaz
- L’histoire vaudoise pour les non Vaudois – Cédric Cossy
- Ils virent qu’ils étaient nus – Jean-Blaise Rochat
- «Que faire des milliers de nouveaux civilistes?» Leur donner des fusils! – Félicien Monnier
- Aventures argentines III – Cosette Benoit
- Le retour des hérésies – Lionel Hort
- Les 150 ans de Richard Strauss – Jean-François Cavin
- Une fausse note bienvenue – Editorial, Olivier Delacrétaz
- Futurologie médicale – Jean-François Luthi
- Quand la presse découvre les règles de l’économie – Pierre-Gabriel Bieri
- Ennemis intimes – Jacques Perrin
- Augustin d’Hippone, la perception du temps – Laurent Paschoud
- Ils ont osé – Ernest Jomini
- L’irréductible pasteur Goll de Frank Bridel – Jean-Jacques Rapin
- Opéra transposé, opéra trahi? – Jean-François Cavin
- Gastrosuisse et la TVA – Jean-François Cavin
- Pas de boucan pour les toucans – Le Coin du Ronchon