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Le Tintébin

Daniel Laufer
La Nation n° 2000 5 septembre 2014


(Histoire vécue)



Rien ne sert de partir; il faut un tintébin:



De malheureux sportifs en sont un témoignage.



Certain d’entre eux, refusant son grand âge,



Coquetterie à ne point pardonner,



S’enfuit d’un pas alerte, ignorant le danger,



Non ignorant bien sûr, mais trop fier pour y croire;



Et le voilà parti sans le moindre accessoire,



Sinon de sa maman la canne ambulatoire,



Outil certes précieux pour un vieillard prudent,



Mais point du tout pour l’imbécile impatient.



On avance d’un pied, du pied droit puis du gauche,



Puis d’un second pied droit qu’à nouveau l’on ébauche…



Chute, vertige, étoiles et douleurs,



Le pauvre en voit de toutes les couleurs.



On le relève enfin; il entend un murmure:



«La prochaine fois que tu partiras,



Pour n’être point gros Jean, crois m’en l’augure,



Prends doncque, Grand-papa,



Un Youpala.»

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