Identification
Veuillez vous identifier

Mot de passe oublié?
Rechercher


Recherche avancée

Un discours du 1er août sifflé

Olivier Delacrétaz
La Nation n° 2000 5 septembre 2014

Chaque année, la commune de Bourg-en-Lavaux invite la population à fêter le 1er août à la Place d’Armes de Cully. Des bancs et des tables sont installés sur l’herbe, des kiosques, pavillons et éventaires proposent toutes sortes de denrées exotiques, voire locales, les artificiers préparent le grand spectacle nocturne. Tandis que le soir descend, plusieurs centaines de citoyennezècitoyens arrivent tranquillement d’un peu partout et prennent place. On attend les discours avec, dans un coin de la tête, une mémorable algarade de Mme Nicole Gross, à l’époque syndique d’Epesses, qui disait vigoureusement leur fait aux puissants du jour.

Après l’intervention très standard d’un représentant de la Municipalité, c’est au tour de M. Jean-Christophe Schwab, conseiller national et syndicaliste. En première phrase, il nous dit qu’il faut profiter de l’occasion pour dire du bien de la Suisse. Jusque là, c’est un peu plat, mais ça se passe plutôt bien. La seconde phrase est pour dire que ce qui est bien en Suisse, c’est le service public. Un peu restreint, mais bon, c’est peut-être le début d’une énumération, attendons la suite. L’attente est courte.

Dès la troisième phrase, on assiste à un plaidoyer partial et teigneux en faveur de la caisse unique. Selon l’orateur, les exemples de la SUVA et de l’ECA prouvent (?) que la caisse unique coûtera moins cher. Pourquoi? Tout simplement parce que leurs responsables «ne recherchent pas le profit à tout prix»! Et ainsi de suite.

Pour marquer cette fête, qui est celle d’une alliance, M. Schwab avait l’occasion de se sortir de son quotidien de bagarreur syndical et de revenir à l’amitié confédérale, à la solidarité intercantonale, aux relations entre les groupes linguistiques, voire à la péréquation, sans parler de tant d’autres thèmes où un socialiste pouvait trouver son miel politique sans être infidèle à sa doctrine sociale. Il a préféré en rester à la si excitante division électorale, à la rentabilité partisane immédiate et au confort des caricatures idéologiques.

Les personnes présentes, quelle que fût leur position à l’égard de la caisse publique, n’étaient pas là pour ça, comme l’ont montré le hourvari et les nombreux sifflets qui ont couvert les applaudissements de convenance. A son regret, le soussigné s’est vu moralement contraint de participer à ce concert, indigne à vrai dire de ce que nous étions censés fêter. C’est ainsi qu’une première inconvenance évitable en appelle inévitablement d’autres.

Vous avez de la chance, cet article est en accès public. Mais La Nation a besoin d'abonnés, n'hésitez pas à remplir le formulaire ci-dessous.
*


 
  *        
*
*
*
*
*
*
* champs obligatoires
Au sommaire de cette même édition de La Nation: